Par Martin Achard
Gaby Ferland fut l’un des principaux pugilistes québécois des années 1940 et 1950, une période particulièrement riche dans l’histoire de la boxe au Québec. Étant donné qu’il n’existe à son sujet aucune biographie ou notice biographique, j’ai réuni ici une poignée de faits le concernant, dans l’espoir de susciter de l’intérêt pour lui et son parcours de combattant.

Ferland fut un pugiliste extrêmement actif. Il devint professionnel en 1944, vers l’âge de 16 ans, et il boxa jusqu’en 1952. Au cours des 96 mois et demi qu’a durés sa carrière, il disputa 104 matchs, soit en moyenne un peu plus d’un combat par mois. Son palmarès final, fort respectable, s’établit à 73 victoires (dont 22 par K.-O. ou T.K.-O.), 22 revers et 9 matchs nuls.

Il compte à son palmarès de victoires le nom de l’ancien champion du monde des poids légers Paddy DeMarco, qu’il vainquit par décision en six rounds, à Brooklyn, en mai 1946.

En juillet 1946, il eut l’honneur de combattre lors des préliminaires d’un programme présenté au Madison Square Garden de New York et mettant en vedette nul autre que Sugar Ray Robinson. Il remporta à cette occasion une victoire aux points en quatre reprises sur George Johnson.

En juillet 1948, au Stade Exchange de Montréal, il fut l’adversaire de Dave Castilloux, l’un des meilleurs boxeurs québécois de tous les temps, dans le dernier combat de la carrière de Castilloux. Grâce entre autres à son très bon jab de la gauche, il signa alors l’une de ses plus belles victoires en triomphant de l’ancien champion canadien des plumes, des légers et des mi-moyens par décision en huit rounds.

Lors de son premier match contre Johnny Greco, en octobre 1948 au Forum de Montréal, il eut pour homme de coin le célèbre Whitey Bimstein, qui entraîna ou contribua à entraîner une longue liste de pugilistes légendaires, dont Jack Dempsey, Benny Leonard, Harry Greb, Gene Tunney, Rocky Graziano et Rocky Marciano. La magie de Bimstein ne lui fut toutefois d’aucune aide ce soir-là, puisqu’il s’inclina par T.K.-O. à la sixième reprise.

Lui qui était surnommé «Frenchy Ferland» par les Américains fit l’objet de quelques paragraphes dans la chronique «In The Spotlight» de l’édition de mai 1949 du Ring Magazine. Cet article nous apprend qu’il aimait la musique et les beaux vêtements et que, afin de prendre sa retraite de la boxe à un jeune âge, il mettait l’essentiel de ses revenus dans un compte bancaire dont il ne pouvait effectuer de retraits avant l’année 1951.
En avril 1950, à la Nouvelle-Orléans, il arracha une nulle en dix rounds à l’ancien champion du monde des mi-moyens et des moyens Carmen Basilio. Ce résultat fait de lui l’un des seize boxeurs québécois qui, depuis le 19e siècle, ont réussi à décrocher au moins une victoire ou un match nul contre un membre de l’International Boxing Hall of Fame (IBHOF), et l’un des seulement six qui ont réalisé cet exploit depuis le milieu du 20e siècle, avec Johnny Greco, Armand Savoie, Donato Paduano, Matthew Hilton et Jean Pascal.

Notes:
La photo de couverture du présent article montre Ferland en train de frapper Johnny Greco lors de leur affrontement d’octobre 1948.
À l’exception des images de Paddy DeMarco, du Devoir et du Ring Magazine, toutes les photos que j’ai utilisées dans cet article font partie du fonds du journal La Presse de Bibliothèque et Archives nationales du Québec (BAnQ).